Le 18 avril 2023 s’est tenu le 35ème Café du D.A.V.O.S. des PME sur la thématique des bienfaits de la RSE. Plusieurs intervenants ou témoins ont amené leur vision et expérience : Christian CUREL (PDG de Prism et Président de Leader Montpellier), Séverine HECKLY (experte achats et RSE), Christophe ANDRAUD (DAF Mialanes), Mélanie BELORA (fondatrice de Le champs du brâme), Adeline CHEVENEMENT (DG Alphagreen).

A la suite de nos précédentes thématiques sur la RSE (champ d’application, les freins), nous avons cherché à mettre en évidence les nombreux avantages que peut retirer l’entreprise de la mise en œuvre d’une démarche RSE. En résumé, selon le degré d’appropriation de la question, les effets sont variables, mais toujours positifs et visibles, et peuvent concerner tous les pans de la société.

Lors de notre dernière réunion, où une trentaine de responsables d’entreprises se sont rencontrés, nous avons abordé leur expérience de la démarche RSE. Notre synthèse ne se veut donc pas exhaustive mais le reflet le plus fidèle possible de leur quotidien et de nos échanges. Nous proposons en conclusion notre analyse avec une vision plus générale.

Les plus nombreux sont spontanément liés au secteur social et RH : les bénéfices sociaux couvrent la totalité du spectre RH, liens sociaux et appartenance à l’entreprise sont renforcés, avec une implication forte des salariés (car il y a une certaine fierté à travailler pour une telle structure). Le processus d’embauche est simplifié à tous ses échelons, notamment par la plus grande attractivité de la société.

Quelques exemples d’actions menées par nos témoins : accueillir les salariés avec un livret d’accueil, tracer une possibilité de carrière, rester à l’écoute, proposer des formations régulières, intégrer des personnes en situation de handicap, verser des aides ciblées (déplacements doux, participation à des actions citoyennes…), organiser des rencontres et des moments d’échange conviviaux.

Par voie de conséquence, le management est impacté positivement : l’intégration des salariés dans les processus de prise de décision facilite le management par une très grande implication et une meilleure autonomie de travail et d’organisation.

Attention toutefois à ne pas enlever le pouvoir décisionnaire à la direction, ce qui n’est pas du ressort des salariés.

Des orientations prises : la responsabilisation de chacun des salariés (employés et cadres) donne plus d’autonomie pour organiser leur travail individuellement ou collectivement ; un management moins autoritaire que par le passé, plus axé sur la reconnaissance des qualités, compétences et résultats.

Comme suite logique, l’image de l’entreprise, notamment la marque employeur, en ressort toujours grandie pour toutes les parties prenantes : clients, salariés, fournisseurs, partenaires, associés.

Sur le plan de la gouvernance, la réflexion sur la raison d’être, la réelle volonté de contribuer à une amélioration sociétale en toute transparence, amène la direction à une vision plus cohérente, avec une base solide. Le dirigeant est ainsi renforcé dans le message qu’il délivre avec une route future visible et claire. Il peut ainsi mieux entrainer ses équipes avec lui.

Se définir comme société à mission, signer une charte achats responsables, communiquer à toute l’entreprise sur ses choix et orientations, partager la gouvernance.

De même l’action commerciale est impactée de façon extrêmement bénéfique : les clients sont plus attirés et fidélisés (fiers de leur fournisseur et en confiance), la cohérence tarif/qualité est plus évidente, voire ils pourraient faire des économies.

Par contre, il ne faut pas oublier la réalité du terrain. Il existe une possible distorsion de la concurrence par des acteurs étrangers qui ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que sur notre territoire national et rendent la compétition difficile pour qui veut s’engager en RSE (tarifs, normes, organisation…).

Parler avec ses clients pour identifier leurs besoins, intégrer des références normatives sécurisantes.

Indépendamment d’économies financières que peut réaliser l’entreprise, elle peut obtenir de meilleurs concours de la part d’organismes financiers car ils mettent de plus en plus de critères RSE dans leurs conditions d’accompagnement client et la délivrance de lignes de crédit. Il devient donc très important pour avoir un bon dossier d’être dynamique et pro-actif sur ce sujet.

Sur un aspect stratégique,les choix sont plus évidents à faire avec une démarche RSE globale (raison d’être, transparence, écoute clients, partenariats fournisseurs, accompagnement social, communication sincère…). Les réflexions internes sont plus structurées et cohérentes entre elles. Cette vision nouvelle de l’entreprise facilite ainsi son intégration et son développement sur son territoire, sur son secteur.

Il est possible par exemple d’avoir une politique d’achat vertueuse (approvisionnements locaux, paiement dans les délais), bâtir des partenariats, mettre en œuvre les outils de suivi des actions avec indicateurs pertinents.

Par contre il faut savoir être attentif à l’équilibre entre effort RSE consenti par l’entreprise et la sensibilité des clients au prix, au risque de mettre l’entreprise en péril.

De même, la communication, sincère, apparait comme cohérente avec la stratégie.

Ne pas avoir peur de communiquer sur ses actions mais en toute sincérité, sans fanfaronnade, simplement au titre de l’information avérée et de l’implication réelle de la société.

Enfin l’aspect environnemental n’est pas obligatoirement le plus compliqué à aborder. Une prise en compte des impacts environnementaux de l’entreprise avec au moins un début de programme d’actions est indispensable pour compléter l’approche globale RSE : satisfaire les attentes des clients, renforcer l’identification à la société par les salariés, se mettre en adéquation le plus possible avec les critères extérieurs (fournisseurs, partenaires, pouvoirs publics…).

Mener des actions atteignables comme la biodégradabilité de la production, l’attention portée aux tris et recyclages, les mesures d’économie d’énergie…

Notre conclusion.

Comme nous venons de le voir avec quelques exemples de petites et très petites entreprises, il est indéniable qu’une approche RSE sérieuse, impliquant la direction et toutes ses forces vives, procure des résultats très positifs dans tous les domaines de l’organisation.

Les actions déjà menées par nos intervenants sont très diverses et nombreuses ; à chaque société son approche. Par contre, il est indispensable d’être sincère et volontaire.

Toutefois, l’engagement RSE implique des changements structurels plus ou moins importants, avec des impacts psychologiques significatifs, notamment pour ce qui concerne les dirigeants. Il s’agit donc d’avoir un état d’esprit nouveau, ouvert sur toutes le forces de l’entreprise, internes et externes, afin de pouvoir retirer tous les bénéfices des actions, aussi petites soient-elles.

Afin de ne pas déstabiliser la structure, il faudrait sans doute avoir une approche itérative des sujets qui peuvent la concerner ou être pris en charge par elle.

Pour cela l’identification des domaines facilement abordables, naturellement favorables à la démarche RSE, sur lesquels capitaliser dans un premier temps, parait acceptable.

Nous nous attellerons à étudier cette approche lors de la prochaine rencontre le mardi 13 juin 2023.