Le dernier Café du D.A.V.O.S. des PME s’est tenu le 7 février dernier sur le thème : « Les freins à la RSE ; si elle vous donne des boutons, venez nous le dire ».

Au Clos de l’Aube Rouge à Castelnau-le-Lez près de Montpellier, fort de nombreux participants et notamment de professionnels du diagnostic RSE, les échanges ont été denses et instructifs. Ils ont permis de mettre en exergue les principales difficultés auxquelles sont confrontés les dirigeants de petites structures dans la mise en œuvre d’une démarche RSE.

On a entendu beaucoup de choses comme réponse. En voici un florilège :

  • Je n’ai pas le temps
  • Qu’est-ce que c’est réellement la RSE ?
  • Ça ne me concerne pas
  • Ma société est trop petite
  • Qu’est-ce que ça va me rapporter ?
  • Qu’est-ce que ça va me coûter ?
  • Je n’y comprends rien
  • L’essentiel pour ma boite c’est le chiffre d’affaires (ou la marge)
  • J’ai assez de contraintes comme ça
  • C’est encore un bazar théorique très éloigné des réalités quotidiennes
  • Encore une norme ! on en a assez

Les freins

En premier lieu, la plus grande difficulté est le manque de temps ou de disponibilité du chef d’entreprise pour se pencher sur la question. Soit il est concerné par la RSE et il a du mal à s’organiser, soit il est trop débordé par ses tâches quotidiennes et n’a ni l’envie ni le temps de s’y consacrer.

Il est intéressant de constater que ce facteur temps est fortement corrélé à la méconnaissance du sujet (2ème cause). En effet, ne pouvant anticiper ou estimer les apports positifs de la RSE, le dirigeant ne peut mettre le focus sur un sujet non maîtrisé qui n’est pas en phase avec ses principales préoccupations.

Car le 3ème frein est que la priorité des priorités d’un patron c’est le suivi du chiffre d’affaires et de la marge, éléments essentiels à la survie de sa société. Ne connaissant pas tous les aspects de la RSE, celle-ci n’est pas considérée comme prioritaire, même si c’est à la mode.

Le gestionnaire est même parfois, a priori, préoccupé par le facteur coût ; les coûts éventuels engendrés par la démarche, soit par la procédure soit par l’organisation à solliciter.

La RSE est anticipée ou vécue comme une contrainte, réglementaire par les textes, subie par les pressions externes (clients, fournisseurs) ou internes (salariés, image de marque employeur…). Et ça, l’entrepreneur n’aime pas beaucoup.

Ensuite vient l’expression d’une grande complexité. Le sujet est très opaque et demande un réel effort de compréhension. De plus le simple fait que la RSE fasse l’objet d’une norme (ISO 26000) engendre un réflexe de retrait ; même si celle-ci n’est que référentielle, c’est une question de perception. Parfois même il s’agit d’un rejet pur et simple pour un dispositif théorique très éloigné de la réalité du terrain.

Pour ceux qui sont sensibles à la RSE, il faut dégager de la ressource en interne, un responsable du projet et, pour une petite structure, c’est le plus souvent au dirigeant qu’incombe cette mission ou à la RH ; il faut donc réorganiser le fonctionnement de l’entreprise. Enfin, pour ceux qui ont déjà étudié la question, les aspects de méthodologie sont un repoussoir. Comment m’y prendre ? Comment m’organiser ? Comment communiquer ?… Autant de problèmes qu’un entrepreneur de TPE ou PME ne sait pas prendre en charge seul, quand son principal interlocuteur habituel sur des sujets « extra-gestion ou « extra-production » est son expert-comptable ; or celui-ci est tout sauf un professionnel de la métamorphose de l’entreprise de son client.

Ainsi après avoir abordé, lors d’une 1ère rencontre, la définition de la RSE et entraperçu ses champs d’application, nous constatons dans cette 2ème phase que les principaux freins à l’adoption de la démarche RSE sont :

La conclusion

  • Le manque de temps (volontairement ou pas)
  • L’ignorance sur le sujet par le responsable de la société
  • La dimension immatérielle du concept

La plupart des autres arguments avancés ressemblent à des prétextes qui cachent ces réelles problématiques.

Nous pouvons en déduire que, ne se sentant pas correctement informé, l’entrepreneur ne va pas au-devant de l’information.

Spontanément lors de nos échanges, des aspects essentiels très positifs, créateurs de valeur et participant au développement de l’entreprise ont été cités :

  • L’implication des salariés
  • La valorisation de la marque employeur
  • Les attentes du public
  • La pression des clients
  • La contribution à l’environnement
  • La production dans le développement durable
  • L’accès facilité aux ressources financières et au crédit bancaire
  • La maîtrise des coûts énergétiques et du bilan carbone

Ce sont soit des facteurs motivants soit des contraintes positives.

Notre commentaire

On le constate, ces arguments pour la généralisation de la démarche RSE à tous les niveaux de la société viennent assez facilement. Alors, comment faire bouger les lignes dans les TPE et PME ? Comment susciter l’intérêt de l’entrepreneur en une poignée de secondes ?

Pour mettre le patron au cœur du dispositif d’amélioration des conditions de développement économique, comment lui faire prendre conscience de sa responsabilité sociétale, du poids qu’il a dans l’orientation, l’imprégnation, la transformation de la société économique, tout en contribuant au développement de son entreprise ?

Il pourrait de fait prendre la pleine dimension de son importance dans la société, et voir la globalité et la noblesse de la démarche.

C’est ce à quoi nous tenterons de répondre lors de nos prochaines rencontres les 18 avril et 13 juin.